đ° Budget RH et coĂ»ts sociaux 2025 : DĂ©cryptage et conseils pour anticiper lâavenir
#39 - Les données clés pour réussir vos arbitrages RH face à l'incertitude.
Au programme de cette Ă©dition :
đ Le condensĂ© de lâinfo RH en chiffres : Je dĂ©crypte les chiffres clĂ©s pour vous offrir des repĂšres clairs et utiles dans vos arbitrages RH.
đ Quand lâendettement rĂ©duit les marges de manĆuvre de lâĂtat : Analyse des contraintes budgĂ©taires et de leurs impacts potentiels sur les entreprises en 2025.
đ Les coĂ»ts croissants de la protection sociale : Comprendre les impacts des Ă©volutions prĂ©visibles sur la santĂ© et la prĂ©voyance en entreprise.
đ° Quelles incidences rĂ©glementaires sur les budgets RH ? : Tour dâhorizon des dispositifs envisagĂ©s, des exonĂ©rations patronales Ă lâaide Ă lâapprentissage.
đ©âđ Comment agir dans ce contexte dâincertitude ? : Mes conseils pratiques pour naviguer sereinement entre incertitudes Ă©conomiques et arbitrages budgĂ©taires.
â±ïž Temps de lecture : 15 minutes.
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Avant de dĂ©marrer, je vous partage une ressource qui pourrait vous intĂ©resser. Elle est proposĂ©e par Lucca, Sponsor de lâĂ©dition du jour :
Masterclass : Les enjeux RH 2025 analysés par 11 experts
Lucca organise 4 masterclass avec 11 experts RH lors de la Quinzaine des RH by Lucca.
Au programme, 4 thématiques seront abordées :
Budget RH : Construire et nĂ©gocier un budget alignĂ© Ă la stratĂ©gie dâentreprise
Recrutement & fidélisation : Utiliser la transparence salariale pour attirer et fidéliser
Compétences : Adopter un management par les compétences pour rester compétitif
Conformité : Transformer la conformité RH en avantage stratégique.
Les masterclass seront accessibles du 20 janvier au 2 fĂ©vrier 2025. Pour recevoir les vidĂ©os, inscrivez-vous en cliquant đ ici.
Bonjour Ă toutes et Ă tous đ
TrĂšs content de vous retrouver. Permettez moi tout dâabord de vous adresser mes meilleurs voeux pour 2025. Merci dâĂȘtre chaque mois plus nombreux Ă lire ces Ă©ditions. JâespĂšre que le contenu prĂ©parĂ© avec rigueur et passion vous sera utile tout au long de cette nouvelle annĂ©e !
Pour bien dĂ©marrer 2025, je vous propose une Ă©dition qui aborde un sujet crucial : comment gĂ©rer les budgets RH et faire les bons arbitrages dans un contexte dâincertitudes politiques et Ă©conomiques.
Câest aussi lâoccasion pour moi de partager avec vous les Ă©lĂ©ments Ă©conomiques que je considĂšre indispensables pour construire ces budgets. Vous me connaissez, je ne suis pas adepte de la sĂ©paration rigide entre vision financiĂšre et vision RH. Bien au contraire, je suis convaincu que lâefficacitĂ© dâune politique RH repose sur une comprĂ©hension fine des enjeux financiers dâune sociĂ©tĂ©. De mĂȘme, les chiffres seuls ne permettent pas dâavoir une vision complĂšte de la rĂ©alitĂ© dâune entreprise. Il faut aussi tenir compte dâautres Ă©lĂ©ments comme la qualitĂ© du climat social, le niveau de compĂ©tences des Ă©quipes, le bien-ĂȘtre au travail, ou encore lâattachement des salariĂ©s Ă lâentreprise. Bref, vous lâaurez compris, je rejette les visions simplistes. Mon objectif est, comme toujours, de vous montrer lâintĂ©rĂȘt dâune approche globale mĂȘlant droit, RH et finance. Câest, selon moi, en croisant ces perspectives que lâon prend les meilleures dĂ©cisions en entreprise, non en les opposant.
Cela dit, 2025 ne commence pas sans dĂ©fis : lâincertitude politique est grande, et les orientations budgĂ©taires restent floues. Pourtant, les entreprises ne peuvent se permettre dâattendre. Des dĂ©cisions doivent ĂȘtre prises, parfois sans connaĂźtre toutes les rĂšgles du jeu.
Alors, comment Ă©viter de faire des choix que lâon pourrait regretter ? Comment dĂ©finir un budget RH cohĂ©rent, notamment en matiĂšre de revalorisation salariale, face Ă ces incertitudes ?
Dans cette édition, je vous propose une analyse des points incontournables à considérer pour maßtriser vos coûts RH, avec un focus particulier sur la masse salariale.
Plongeons dans le dĂ©tail juste aprĂšs lâinfo RH en chiffres, avec un Ă©clairage trĂšs Ă©conomique cette fois-ci !
đ Lâinfo RH en chiffres
đ 7,4%, câest le taux de chĂŽmage en France Ă la fin du 3Ăšme trimestre 2024 selon lâInsee. Ce chiffre reste stable sur un an, malgrĂ© une augmentation notable des annonces de plans sociaux. Une stabilitĂ© qui cache toutefois des disparitĂ©s sectorielles.
đž +2,7%, câest la hausse du salaire mensuel de base sur un an, selon la DARES. En euros constants, cela reprĂ©sente une progression de 1,7%, lâinflation ayant ralenti Ă 1,0% entre septembre 2023 et septembre 2024. Une relative embellie qui se traduit par une lĂ©gĂšre augmentation du pouvoir dâachat des salariĂ©s.
đ«đ· 38,9% câest le taux dâemploi des 60 Ă 64 ans Ă fin 2023 selon lâInsee. Câest 2,7 points de plus quâen 2022 et 28 points de plus quâen 2001 ! Si cette tendance est encourageante, elle souligne aussi les dĂ©fis liĂ©s au vieillissement de la population active. La nouvelle convention dâassurance chĂŽmage a pour ambition dâamĂ©liorer de maniĂšre considĂ©rable ces chiffres.
đ 1 027 954, câest le nombre dâentreprises crĂ©Ă©es en France depuis le dĂ©but de lâannĂ©e 2024 selon lâInsee, soit une hausse de 5,5% sur un an. Les micro-entreprises reprĂ©sentent une grande part de cette dynamique (+7,3% sur 12 mois, avec 665 785 crĂ©ations). Ces chiffres confirment lâessor continu de lâemploi indĂ©pendant et de lâentrepreneuriat en France.
đš 66 000, câest le nombre de dĂ©faillances dâentreprises Ă fin septembre 2024, sur douze mois glissant. Les TPE dans des secteurs fragiles comme la construction, lâhĂŽtellerie-restauration et le commerce de dĂ©tails sont particuliĂšrement touchĂ©es. Ce chiffre inclut un effet "rattrapage" post-COVID, oĂč des entreprises soutenues par les prĂȘts garantis par lâĂtat se retrouvent dĂ©sormais en difficultĂ© face aux remboursements et Ă lâimpact de lâinflation.
đ° 2 000 euros : câest le nouveau montant de lâaide Ă lâembauche dâun apprenti pour les entreprises de plus de 250 salariĂ©s Ă compter du 1er janvier 2025. Pour les TPE/PME (moins de 250 salariĂ©s), cette aide passera Ă 5 000 euros, en baisse par rapport aux 6 000 euros de 2024. Un dĂ©cret attendu courant janvier devrait prĂ©ciser les modalitĂ©s dâĂ©ligibilitĂ© Ă ces aides.
đ° Budget RH et coĂ»ts sociaux 2025 : DĂ©cryptage et conseils pour anticiper lâavenir
Si je vous parle de la situation budgĂ©taire de la France et de son contexte politique, cela peut sembler Ă©loignĂ© de vos problĂ©matiques RH et financiĂšres quotidiennes. Et pourtant, ces dynamiques nationales risquent dâavoir une incidence directe sur les entreprises en 2025, notamment dans la gestion des ressources humaines.
Quels sont les Ă©lĂ©ments Ă surveiller ? Quelles seront les incidences ? Dans cet article, je dĂ©crypte les enjeux et vous propose des pistes pour naviguer au mieux dans cette pĂ©riode dâincertitudes.
đ«đ· Un contexte Ă©conomique et social dĂ©favorable
Pour comprendre les impacts potentiels sur les budgets RH, il est essentiel de décrypter la situation économique actuelle et ses conséquences sur les projets rÚglementaires.
1ïžâŁ Quand lâendettement vient rĂ©duire les marges de manoeuvre de lâEtat
Vous avez sans doute entendu parler des derniers chiffres : le dĂ©ficit annuel de lâĂtat français pour 2024 devrait atteindre 6,1% du PIB. Si ce pourcentage reste abstrait pour beaucoup, cela reprĂ©sente en rĂ©alitĂ© environ 166 milliards dâeuros, soit prĂšs de 20% des dĂ©penses de lâĂtat prĂ©vues dans le PLF 2025.
Un tel dĂ©ficit pourrait ĂȘtre acceptable sâil finançait principalement des dĂ©penses dâinvestissement. Or, ce nâest pas le cas. Selon les prĂ©visions, ces investissements ne reprĂ©senteront que 8% du budget 2025, soit environ 49 milliards dâeuros. Nous faisons donc face Ă un dĂ©ficit structurel, oĂč les dĂ©penses courantes excĂšdent largement les recettes.
Cette situation nâest pas nouvelle. Le dĂ©ficit public français augmente depuis plus de 50 ans, atteignant 3 300 milliards dâeuros Ă la fin septembre 2024. Certains diront que cela nâest pas alarmant tant que la France peut continuer Ă emprunter. Câest vrai⊠en partie. Mais le vĂ©ritable problĂšme rĂ©side dans lâexplosion des intĂ©rĂȘts de la dette.
En 2025, ces intĂ©rĂȘts sont estimĂ©s Ă 54 milliards dâeuros, contre 36 milliards en 2020. Ce montant colossal, soulignĂ© dans un rĂ©cent rapport du SĂ©nat (voir ci-dessous), reprĂ©sente une ponction majeure sur les capacitĂ©s budgĂ©taires de lâĂtat.
Quelles conséquences ?
LâĂtat se retrouve contraint dâarbitrer entre rĂ©duire ses dĂ©penses ou augmenter ses recettes. Cet exercice sâannonce encore plus dĂ©licat Ă lâhorizon 2027, alors que les intĂ©rĂȘts de la dette continueront de croĂźtre et que la France devra viser un dĂ©ficit budgĂ©taire infĂ©rieur Ă 3% du PIB dâici 2029.
Face à de telles contraintes, une évolution de la rÚglementation sociale sur les aspects de coût du travail semble plus que probable.
2ïžâŁ Le financement de notre systĂšme de protection sociale : une autre Ă©quation complexe
18 milliards dâeuros. CâĂ©tait le montant du "trou de la sĂ©curitĂ© sociale" annoncĂ©e lors de la confĂ©rence de presse de prĂ©sentation du PLFSS 2025. Ce montant peut sembler dĂ©risoire comparĂ© au dĂ©ficit de lâEtat. Mais ces chiffres sont en rĂ©alitĂ© trompeurs car il faut ajouter Ă cela le fait que lâEtat compense Ă hauteur de 80 milliards dâeuros les exonĂ©rations de cotisations patronales.
Pour le dire autrement : afin de ne pas creuser davantage le dĂ©ficit de la SĂ©curitĂ© sociale (regroupant les branches maladie, vieillesse, famille, dĂ©pendance, accidents du travail / maladies professionnelles), lâEtat reverse Ă la SĂ©curitĂ© sociale lâĂ©quivalent de 80 milliards dâeuros que les entreprises devraient payer si elles ne bĂ©nĂ©ficiaient pas des diffĂ©rentes exonĂ©rations patronales. Câest pourquoi on peut dire quâune partie de lâemploi, en France, est subventionnĂ© par lâimpĂŽt.
Le problĂšme câest que ces exonĂ©rations coĂ»tent de plus en plus cher Ă lâEtat car elles sont indexĂ©es sur le SMIC. Elles ont mĂȘme augmentĂ© de 20 milliards dâeuros entre 2021 et 2023. Je vous repartage, pour mieux vous en rendre compte, un graphique figurant dans lâĂ©dition de novembre dernier :
Dans ces conditions des mesures vont nĂ©cessairement devoir ĂȘtre prises pour tenter de rĂ©tablir un Ă©quilibre budgĂ©taire. Quelles mesures envisagĂ©es particuliĂšrement ? Câest ce que je vous propose de regarder.
đ° Quelles incidences rĂšglementaires sur les budgets RH en 2025 ?
MalgrĂ© la censure gouvernementale de dĂ©cembre dernier, la France devra inĂ©vitablement adopter une loi de financement de la SĂ©curitĂ© sociale (LFSS) pour 2025. Si le texte initial a Ă©tĂ© rejetĂ©, certains dispositifs pourraient nĂ©anmoins ĂȘtre repris, avec des ajustements.
Quelles mesures peut-on anticiper ?
Sans prĂ©tendre jouer les devins, il est essentiel de pointer les Ă©lĂ©ments Ă surveiller de prĂšs. Comme Ă©voquĂ© prĂ©cĂ©demment, la situation budgĂ©taire reste complexe, rendant peu probable lâabsence totale de mesures dâĂ©conomies.
Lors des dĂ©bats parlementaires de lâautomne, un consensus semblait Ă©merger autour de lâidĂ©e dâĂ©viter une taxation accrue du travail. Ăric Lombard, le nouveau ministre de lâĂconomie, a dâailleurs confirmĂ© quâaucune hausse dâimpĂŽts nâĂ©tait envisagĂ©e, hormis celles dĂ©jĂ annoncĂ©es. En revanche, les dispositifs dâaides et dâexonĂ©rations accordĂ©s aux entreprises pourraient ĂȘtre ajustĂ©s, parfois mĂȘme sans passer par la voie lĂ©gislative.
Voici les principaux points de vigilance pour les mois Ă venirâŻ:
1ïžâŁ RĂ©duction des aides Ă lâapprentissage
Comme mentionnĂ© dans lâInfo RH en chiffres, le gouvernement a dĂ©jĂ annoncĂ© une baisse des aides Ă lâapprentissage, avec une Ă©conomie cible de 1,2 milliard dâeuros. ConcrĂštementâŻ:
Les entreprises de plus de 250 salariĂ©s ne pourront prĂ©tendre quâĂ une prime maximale de 2000 euros par apprenti.
Les TPE/PME (moins de 250 salariĂ©s) bĂ©nĂ©ficieront dâune aide plafonnĂ©e Ă 5000 euros par apprenti, contre 6 000 euros auparavant.
Cette rĂ©duction est effective dĂšs janvier 2025, mais des prĂ©cisions sur les conditions dâĂ©ligibilitĂ© doivent encore ĂȘtre apportĂ©es par dĂ©cret. Ces ajustements interviendront indĂ©pendamment des discussions parlementaires.
2ïžâŁ Abaissement du plafond de versement des IJSS
Le prĂ©cĂ©dent gouvernement avait proposĂ© de rĂ©duire le plafond de calcul des indemnitĂ©s journaliĂšres de sĂ©curitĂ© sociale (IJSS). Actuellement basĂ© sur 1,8 fois le SMIC, ce plafond pourrait ĂȘtre abaissĂ© Ă 1,4 fois le SMIC par dĂ©cret. Si cette mesure Ă©tait mise en Ćuvre, ses effets seraient significatifsâŻ:
Pour les salariĂ©sâŻ: Ceux dont le salaire dĂ©passe 1,4 fois le SMIC (soit environ 2 523 euros brut mensuel) verraient leurs indemnitĂ©s en cas dâarrĂȘt maladie diminuer, Ă moins que leur entreprise ne pratique un maintien de salaire.
Pour les entreprisesâŻ: Les employeurs qui maintiennent le salaire pendant les arrĂȘts (souvent imposĂ© par des conventions collectives) assumeraient un coĂ»t accru, car le diffĂ©rentiel non couvert par la SĂ©curitĂ© sociale serait Ă leur charge.
IndĂ©pendamment de cette mesure, la baisse des indemnitĂ©s maladie est une problĂ©matique centrale, pointĂ©e encore rĂ©cemment par la Cour des comptes. LâInstitution indiquait notamment que le coĂ»t de ces indemnitĂ©s sâĂ©levait Ă 12 Milliards dâeuros en 2022, soit une augmentation de 57% par rapport Ă 2017. Parmi ses propositions dâĂ©conomie, lâallongement du dĂ©lai de carence de 3 Ă 7 jours pourrait aussi ĂȘtre reprise par le gouvernement avec, Ă la clĂ©, un transfert de la charge du coĂ»t de lâarrĂȘt maladie vers les entreprises et les salariĂ©s.
3ïžâŁ RĂ©vision des exonĂ©rations patronales de cotisations sociales
CâĂ©tait lâune des mesures majeures du prĂ©cĂ©dent PLFSS, prĂ©vue par son article 6. Lâobjectif : rĂ©duire les exonĂ©rations pour certains niveaux de salaire.
Plus concrĂštement, le dispositif visait Ă :
augmenter lĂ©gĂšrement les cotisations au niveau du SMIC (du fait dâune baisse des exonĂ©rations)
assujettir à complément maladie les salaires supérieurs à 46 126 euros (2,2 SMIC pris à sa valeur 2023 au lieu de 2,5 actuellement)
assujettir à complément allocations familiales les salaires supérieurs à 67 092 euros (3,2 SMIC pris à sa valeur 2023 au lieu de 3,5 actuellement).
Je vous propose une synthĂšse de lâimpact de cette proposition dans la prĂ©sente infographie :
Pour comprendre plus en dĂ©tails le projet, je vous invite Ă relire lâĂ©dition que jâavais consacrĂ©e au decryptage du PLFSS 2025 initial.
Si les parlementaires se sont vite accordĂ©s sur la nĂ©cessitĂ© de ne pas modifier les exonĂ©rations au niveau du SMIC, ce dispositif a tout de mĂȘme des chances de faire son retour, une partie de la gauche y Ă©tant favorable. NĂ©anmoins, Ă lâinstar des derniers dĂ©bats parlementaires, il est probable que ces seuils soient rĂ©visĂ©s pour amoindrir lâimpact sur les finances des entreprises.
4ïžâŁ IntĂ©gration de la Prime de Partage de la Valeur dans lâassiette de calcul des exonĂ©rations patronales
Le PLFSS 2025 envisageait Ă©galement dâintĂ©grer la PPV dans lâassiette de calcul des exonĂ©rations gĂ©nĂ©rales de cotisations patronales. Dans le cadre de ce dispositif, le versement dâune PPV viendrait mĂ©caniquement augmenter le revenu sur la base duquel les exonĂ©rations gĂ©nĂ©rales de cotisations patronales sont calculĂ©es. Or, plus ce montant est Ă©levĂ©, plus les exonĂ©rations sont faibles, jusquâĂ ĂȘtre nulles une fois le seuil dâ1,6 fois le SMIC atteint.
Une telle mesure reviendrait donc Ă assujettir, indirectement, la PPV Ă contributions patronales pour un grand nombre de salariĂ©s. Ă titre dâexemple, jâai estimĂ© Ă prĂšs de 426 euros le coĂ»t employeur dâune PPV de 800 euros pour un salariĂ© rĂ©munĂ©rĂ© au niveau du SMIC en 2025 :
Si vous souhaitez plus dâexplications sur ce dispositif, je vous invite Ă consulter cette Ă©dition.
5ïžâŁ Calcul des exonĂ©rations gĂ©nĂ©rales de cotisations sur la base des minima conventionnels infĂ©rieurs au SMIC
Il sâagit dâune mesure qui avait fait son apparition au cours des dĂ©bats parlementaires de lâautomne 2024 et qui avait rencontrĂ© lâadhĂ©sion dâun grand nombre de dĂ©putĂ©s.
Le principe est assez simple : lorsquâun accord de branche prĂ©voit des minima conventionnels infĂ©rieurs au SMIC, les exonĂ©rations gĂ©nĂ©rales de cotisations patronales sont alors calculĂ©es non plus sur la base du SMIC mais sur la base du minima conventionnel le plus faible.
De maniĂšre trĂšs concrĂšte, ce mĂ©canisme induirait une baisse des exonĂ©rations patronales pour toutes les entreprises couvertes par la convention collective concernĂ©e. Si cette mesure peut sembler injuste pour les entreprises dotĂ©es dâune politique RH vertueuse, elle a aussi le mĂ©rite dâinciter les partenaires sociaux Ă nĂ©gocier sans attendre sur le sujet des minima conventionnels, en cas dâaugmentation du SMIC. Nous Ă©viterions de constater ainsi un phĂ©nomĂšne de "Smicardisation" du salaire dâune partie des actifs.
Les points Ă©voquĂ©s ne prĂ©tendent pas Ă lâexhaustivitĂ©. Ils dĂ©montrent cependant la palette de dispositifs envisageables avec lesquels il faudra potentiellement composer.
đĄ Comment agir dans ce contexte dâincertitude ?
Faute de disposer dâune boule de cristal, il faudra naviguer dans ce flou encore quelque temps. Quelques semaines au mieux ; bien davantage en cas de nouvelle censure.
Une chose est cependant certaine : les problĂ©matiques budgĂ©taires ne se rĂ©soudront pas dâelles-mĂȘmes. De plus, le coĂ»t de la protection sociale ne cessera dâaugmenter, ce qui se traduira par une hausse des cotisations santĂ© et prĂ©voyance, dans la lignĂ©e des tendances des derniĂšres annĂ©es.
Dans ce contexte dâincertitudes et de pressions sur la masse salariale, il faudra se montrer prudent et Ă©viter des engagements coĂ»teux. Voici, selon moi, les principes directeurs pour guider vos dĂ©cisionsâŻ:
1ïžâŁ Ăvitez les dĂ©cisions prĂ©cipitĂ©es sur les revalorisations salariales
Face Ă lâincertitude sur les coĂ»ts du travail, mieux vaut reporter les nĂ©gociations salariales majeures jusquâĂ ce que le cadre rĂ©glementaire soit plus clair. Bien entendu, cette prudence doit ĂȘtre accompagnĂ©e dâune communication transparente avec les partenaires sociaux et les salariĂ©sâŻ: expliquez les raisons de ce dĂ©lai et envisagez des augmentations rĂ©troactives lorsque les rĂšgles seront Ă©tablies.
2ïžâŁ Revalorisez les avantages sociaux dans les packages de rĂ©munĂ©ration Lorsque les salaires bruts deviennent plus coĂ»teux, renforcer les avantages sociaux annexes peut ĂȘtre une solution efficace pour maintenir ou amĂ©liorer le pouvoir dâachat des salariĂ©s Ă moindre coĂ»t pour lâentreprise. Quelques pistesâŻ:
Titres-restaurant
ChĂšques culture
Primes transport
IndemnitĂ©s tĂ©lĂ©travailâŠ
Lâessentiel est de choisir des avantages qui bĂ©nĂ©ficieront au plus grand nombre. Cette approche ne vise pas Ă remplacer les augmentations de salaire, mais Ă Ă©quilibrer les efforts grĂące Ă une combinaison judicieuse.
3ïžâŁ Adoptez une politique proactive pour rĂ©duire lâabsentĂ©isme
Les arrĂȘts de travail reprĂ©sentent un coĂ»t significatif, non seulement pour la SĂ©curitĂ© sociale mais aussi pour les entreprisesâŻ: maintien de salaire, remplacement, baisse de productivitĂ©, etc.
MĂȘme si certains arrĂȘts sont inĂ©vitables, amĂ©liorer les conditions de travail et le bien-ĂȘtre des salariĂ©s peut rĂ©duire significativement ce phĂ©nomĂšne.
Mesurez prĂ©cisĂ©ment le coĂ»t actuel de lâabsentĂ©isme dans votre entreprise.
Mettez en Ćuvre des actions pour en limiter lâimpactâŻ: prĂ©vention, accompagnement, flexibilitĂ©.
Pour approfondir, je vous invite Ă consulter cet article que jâavais rĂ©digĂ© sur le sujet.
4ïžâŁ Favorisez les dispositifs de partage de la valeur
En pĂ©riode dâincertitude, lier une partie de la rĂ©munĂ©ration Ă la performance Ă©conomique de lâentreprise permet de mieux absorber les fluctuations. Parmi les options possiblesâŻ:
Intéressement
Participation
Prime de partage de la valeur
Abondement
Ces dispositifs permettent dâajuster les coĂ»ts tout en partageant Ă©quitablement les fruits de la rĂ©ussite. Je vous partage une infographie synthĂ©tisant ces possibilitĂ©s (sous rĂ©serve dâĂ©ventuelles Ă©volutions lĂ©gislatives).
5ïžâŁ Faites de la communication RH votre prioritĂ©
Quelles que soient les options retenues, il est probable que vous nâagissiez pas "comme dâhabitude". Aussi, pour permettre une pleine comprĂ©hension des choix opĂ©rĂ©s par lâensemble des salariĂ©s, il est primordial de se livrer Ă une communication pĂ©dagogique rĂ©currente.
Lâobjectif est de pouvoir expliquer, pour chaque dĂ©cision, les avantages pour les salariĂ©s comme les contraintes Ă©conomiques et rĂ©glementaires rencontrĂ©es par lâentreprise. Cette transparence favorisera lâadhĂ©sion des Ă©quipes et la mise en Ćuvre des ajustements nĂ©cessaires.
đ En conclusionâŻ: Ces principes sont ceux que jâapplique pour avancer dans cette pĂ©riode complexe. JâespĂšre quâils pourront Ă©galement vous inspirer et vous accompagner dans vos dĂ©cisions.
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Vincent đ